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Bientôt une législation pour les assistants sexuels ?

Peu connue, la profession d’assistant sexuel existe cependant. Ces professionnels viennent en aide aux personnes porteuses d’un handicap et leur permettent de vivre leur sexualité. Ce mercredi, le journal Het Belang van Limburg révélait que le Comité consultatif de bioéthique de Belgique a soumis un avis positif quant Í la demande de légiférer sur la question, portée par Philippe Courard, alors en charge en 2012.

La profession d’assistant sexuel est peu connue en Belgique. Dans son livre Assistance érotique ou sexuelle, Nina de Vries les définit comme des professionnels, hommes ou femmes, sains de corps et d’esprit, qui ont décidé de façon directe d’aider les personnes handicapées à vivre leur sexualité. Ils permettent aux personnes ayant une déficience mentale ou physique, voire les deux, de vivre une expérience érotique, sensuelle ou sexuelle. En Belgique, ni Bruxelles ni la Wallonie ne reconnaissent encore la profession. Du côté flamand, une ASBL, Aditi, propose des formations. Ce mercredi, le Comité consultatif de bioéthique de Belgique vient enfin d’approuver la demande de Philippe Courard, qui souhaitait une législation en la matière. Le Secrétaire d’État avait fait sa demande en 2012.

Un avis positif

L’avis remis par le Comité est valable pour les personnes qui ont un handicap mental également, mais la décision revient au juge de paix. Le Comité souligne que l’accès à cette pratique pour ce public permettrait en outre, de leur éviter certains abus. La Secrétaire d’État en charge, Zuhal Demir, a quant à elle expliqué qu’il était encore trop tôt pour connaitre les conséquences de cet avis. Les discussions se poursuivent, avec l’ASBL Aditi notamment. Pour le Comité, si la pratique mérite d’être légiférée, ce type de “soins” ne devra cependant pas faire l’objet de remboursements de la part des pouvoirs publics.

De la prostitution ?

En Belgique, la profession est peu connue et malheureusement parfois assimilée à de la prostitution. Pour Benjamin Wilputte, jeune cinéaste qui en a fait le sujet de son prochain court-métrage, « Les personnes qui pratiquent l’assistanat sexuel le font dans un esprit humain et sans forcément recevoir une contrepartie financière. Le rapport à l’être humain est différent. Il est intéressant de légaliser cette profession en Belgique . »

Pour la vice-présidente d’Altéo, l’assistant sexuel assouvit avant tout un besoin physique. A une question posée par un internaute atteint d’un handicap sur le réseau HAXY, Dominique Goblet, répond « Dans l’accompagnement sexuel, il n’est pas question de provoquer le désir mais de répondre à un besoin avant tout sexuel. Si l’accompagnement sexuel apporte un bien-être physique et psychique, il n’offrira jamais l’amour dont chacun peut rêver. L’amour ne s’achète pas… »

Dans son avis, le Comité conseille d’établir une législation adéquate pour les institutions, les personnes en situation de handicap et les assistants sexuels, afin que la pratique ne soit effectivement pas assimilée à de la prostitution. Par ailleurs, le Comité propose également que les personnes soient formés, comme c’est déjà le cas en Suisse. Madame Demir a elle stipulé que Toucher à la manière dont la prostitution est appréhendée dans le droit pénal doit en outre se faire dans le cadre d’un débat parlementaire.

La Suisse, en avance

En Suisse, la profession est légale et des formations existent depuis 2003 et 2008. En 2015, la Suisse romande certifiait 7 assistants sexuels, qui pourraient pratiquer dans leur pays.

Un court-métrage

Un jeune carolo cinéaste a décidé d’en faire le sujet de son prochain court-métrage. Sobrement intitulé « Touché », le court-métrage a été réalisé par Benjamin Wilputte via le boîte de production OFNI prods. Durant 4 ans, le jeune carolo a récolté divers témoignages. « Les personnages sont fictifs mais les dialogues sont des condensés de témoignages authentiques », explique B. Wilputte à l’Avenir. « Tout est parti d’un article sur l’assistanat sexuel pour les personnes handicapées qui m’a interpellé. Je me suis assez bien documenté sur la matière et je me suis rendu compte qu’il y a encore beaucoup de choses à faire en Belgique, contrairement à un pays comme la Suisse qui est très en avance. »

Une collaboration

Le projet du jeune cinéaste a fait l’objet de plusieurs relectures, dont Serge Van Brackel, de l’association Horizon 2000. Une première projection a déjà eu lieu et a permis à B. Wilputte de rencontrer des représentants de l’AviQ, dont il a obtenu le soutien. L’objectif du jeune carolo est de promouvoir son film, au-delà des audiences grand public. « Mon film est un outil pédagogique et des copies seront distribuées dans les écoles », souligne-t-il à l’Avenir.

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